Les façades cinétiques de l’artiste environnemental Ned Kahn, composées de milliers de panneaux en aluminium de quelques centimètres réagissant harmonieusement aux vents changeants, ont récemment fait l’objet d’une étude scientifique approfondie. Les chercheurs [1] ont analysé des vidéos d’œuvres telles que la façade du Swiss Science Center Technorama et ont mené des expériences en soufflerie avec une chaîne de plaques pendulaires millimétriques pour percer les mécanismes physiques derrière les motifs uniques observés dans ces installations.
Shimmer wall, The Franklin Institute, Philadelphia, Pennsylvania, USA
Leur analyse a révélé qu’à faibles vitesses de vent, la réponse de chaque pendule est principalement déterminée par la résonance à sa fréquence naturelle. En revanche, à des vitesses de vent plus élevées, la réponse est dominée par les fluctuations de pression turbulentes transportées par le vent à travers la façade. Ces fluctuations génèrent des ondes qui se propagent le long de la chaîne de pendules, créant les motifs ondulants caractéristiques des œuvres de Kahn.
L’étude, intitulée Large-scale turbulent pressure fluctuations revealed by Ned Kahn’s artwork, publiée dans Physical Review Fluids le 14 novembre 2024, met en lumière les forces invisibles qui donnent naissance aux motifs scintillants et en constante évolution des façades cinétiques. Les chercheurs ont identifié deux branches de relations de dispersion, correspondant à des modes distincts de propagation des ondes le long des chaînes de pendules. Cette découverte offre une compréhension approfondie de l’interaction entre les structures architecturales et les phénomènes naturels, ouvrant la voie à de futures conceptions intégrant harmonieusement art et science.
Ned Kahn, lauréat de la bourse « Genius Grant » de la Fondation MacArthur en 2003 et du National Design Award for Environmental Design en 2005, est reconnu pour ses installations qui rendent visibles les forces invisibles de la nature, telles que le vent et les courants d’air. Ses œuvres, comme *Turbulent Line* à l’aéroport de Brisbane, où 250 000 panneaux articulés en aluminium réagissent aux brises, illustrent cette vision artistique. Cette étude scientifique apporte une nouvelle perspective sur son travail, montrant comment les principes physiques sous-jacents contribuent à la beauté et au dynamisme de ses installations.
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Référence
Large-scale turbulent pressure fluctuations revealed by Ned Kahn’s artwork, Phys. Rev. Fluids 9, 114604 – Published 14 November, 2024
https://doi.org/10.1103/PhysRevFluids.9.114604
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Jishen Zhang