Fin 2019, la direction de l’ESPCI Paris-PSL affirmait son ambition de devenir l’un des acteurs majeurs du développement durable, de la diffusion des savoirs en la matière, et d’être à la pointe de la recherche et de l’innovation face aux besoins de notre monde. En cette rentrée, la durabilité anime de nombreux projets à l’ESPCI. Rencontre avec Annie Colin, chargée de mission Développement durable.
Quel est le rôle d’une chargée de mission sur le développement durable à PC ?
Mon rôle consiste à accompagner la réflexion de l’ESPCI sur le développement durable dans les domaines de la formation, de la recherche et de la vie de l’école. L’ingénieur du 21e siècle doit être formé aux enjeux de la transition énergétique. L’innovation et la recherche sont des piliers importants pour répondre à cette question. En tant qu’enseignante-chercheuse, ces points m’ont incitée à m’impliquer sur cette thématique. Je vais proposer des initiatives en m’appuyant sur l’existant. Pour mener à bien cette tâche, un comité Agenda 21 va être créé. Ce Comité sera l’instance où sera définie la stratégie en matière de développement durable, bien sûr en lien avec la direction. Il délimitera le périmètre des actions concernant le fonctionnement de l’école, l’évolution de la formation, le développement de la recherche et de l’innovation.
Quel constat faites-vous sur l’existant en matière de développement durable à l’ESPCI ?
Il existe déjà beaucoup d’actions à l’école aussi bien dans le domaine de l’enseignement (cours de développement durable, semaine PSL), au sein des associations, de la recherche (récupération de l’énergie des vagues, de l’eau de rosée, polymères biosourcés), et dans la vie quotidienne des laboratoires. Il faut donner un fil conducteur à ces initiatives, rendre visible cette dynamique et la renforcer.
Quelles actions ont été menées depuis la rentrée ?
Les premières actions ont porté sur la formation. Les élèves suivent déjà un cours de développement durable. Un conseil de perfectionnement qui traitera des modules d’enseignement sur cette thématique sera mis en place rapidement. La formation proposée à l’école, par nature très interdisciplinaire et pratique, permet d’aborder les sujets de la transition énergétique aisément. Les cours sur les ondes ou de chimie analytique par exemple, même s’ils n’intègrent pas à première vue d’éléments sur le développement durable, sont des outils indispensables pour attaquer les problèmes relatifs à l’isolation, aux nouveaux matériaux ou métamatériaux pour le bâtiment et au traitement de l’eau. Au cours de ce conseil de perfectionnement à l’écoute des étudiants, nous aborderons des points plus précis qui manquent peut-être à la formation : cours sur les ordres de grandeur d’énergie, cours d’électrochimie, projets sur le développement durable... Pour introduire ces notions, les élèves de première et deuxième année ont notamment participé à la fresque du climat en septembre.
En quoi consiste cet atelier sur la Fresque du Climat ?
Cet atelier s’est déroulé sur un après-midi. Il a été mis en place en collaboration avec la direction des études et la direction de la communication. Animé par le « projet Celsius », une start-up fondée par un alumnus de l’école, il permet de faire le lien entre l’action de l’Homme et le changement climatique à travers un jeu de cartes. Cette fresque est réalisée et proposée dans la plupart des universités françaises et école d’ingénieurs. Nous avons souhaité l’associer à une discussion plus scientifique, plus rigoureuse basée sur les rapports du GIEC, sur « l’ingénieur vert » et les possibles trajectoires de nos élèves dans ce domaine. Nous avons été aidés par Sylvain Gilat, président des Alumni, qui a réalisé un répertoire des anciens étudiants de l’ESPCI travaillant dans ce domaine. Cet atelier qui permet de réveiller l’envie d’agir sera à nouveau proposé en cours d’année, cette fois, aux personnels de l’école par Vincent Bertin, doctorant dans le laboratoire Gulliver.
Du côté des étudiants, comment se manifeste cette volonté d’agir ?
Les étudiants de l’école sont très sensibles à cette thématique. Ils sont structurés dans deux associations très actives : PC durable et PC réveil. Ils se posent de nombreuses questions sur la formation qu’ils reçoivent et souhaitent agir dans leur futur travail. Nous leur avons proposé d’animer un cycle de conférences sur le développement durable avec des spécialistes reconnus. Ils vont notamment s’interroger sur la pollution numérique lors d’une première conférence début novembre.
Comment cet engagement de l’école va-t-il prendre forme ? Quelles sont les prochaines étapes ?
Nous allons tout d’abord créer le Comité Agenda 21 de l’école. Nous élaborerons ensuite une « charte Développement Durable » de l’ESPCI qui définira plus précisément le cadre et les objectifs fixés et engagera fermement l’école dans la voie du développement durable. Ces actions nous permettront de travailler au label Développement Durable & Responsabilité Sociétale qui est un axe de travail conseillé par la CTI commission du titre de l’ingénieur mais aussi par l’HCERES. Un hackathon dédié au développement durable réunissant l’ensemble de la communauté de l’ESPCI sera organisé début 2021. Un bilan carbone de l’école sera réalisé par un prestataire externe. Il servira à alimenter les réflexions permettant d’expérimenter de nouvelles pratiques dans le nouveau bâtiment. Nous envisageons aussi de travailler avec PSL dans des actions de portée plus large portant sur des aspects associatifs. Enfin, en partenariat avec la cellule Europe de l’ESPCI et PSL, nous ciblerons les opportunités de financements publics et privés permettant de concrétiser les différentes actions proposées par le comité Agenda 21. Dans ce cadre et avec un objectif de recherche de financement, le projet NEXUS sera présenté officiellement le 22 octobre.
Annie Colin, annie.colin@espci.psl.eu
Audrey Le Dantec, audrey.le-dantec@espci.psl.eu
Vous avez une question ou une proposition à formuler en matière de développement durable ?
developpement.durable@espci.psl.eu
Le projet Nexus porté par Lydéric Bocquet et Annie Colin pour PSL regroupe plus de 150 chercheurs permanents parisiens et un second cercle de plus de 300 chercheurs au niveau de la France. Il comprend en premier cercle 5 unités mixtes de recherche de l’ESPCI et 9 autres de PSL qui souhaitent apporter des réponses au problème de la transition énergétique en déployant de nouvelles voies. L’accès universel à l’eau et à l’énergie sont deux défis fondamentalement liés l’un à l’autre pour l’avenir de la planète. La gestion de l’eau nécessite de l’énergie pour l’assainissement et le dessalement ; la production d’énergie nécessite de l’eau. Le projet Nexus vise à répondre aux questions eau/énergie en développant et utilisant les découvertes fondamentales faites au niveau des nanomatériaux, métamatériaux, et de la nanofluidique. L’ESPCI Paris-PSL propose dans ce projet d’étudier des polymères de spécialité recyclables, des systèmes de traitement des eaux avec des membranes de filtration intelligentes et non colmatables, de réaliser des peintures radiatives, de récupérer l’énergie des gradients salins. Ce centre de niveau mondial rassemblera une combinaison unique de technologies de pointe pertinentes pour la recherche et le développement écologiques. Nexus permettra de transférer les découvertes scientifiques vers une échelle semi-industrielle.
Les partenaires
Nexus fédérera l’action des chercheurs impliqués dans le LabEx Institut Pierre Gilles de Gennes IPGG (micro et nano-fluidique), le LabEx WIFI (science des ondes et applications), l’ESPCI Paris-PSL, Chimie ParisTech-PSL, ENS-PSL, Institut Curie et la plateforme Paris FlowTech (plateforme de chimie intensifiée des procédés) ainsi que des centres de recherche basés à Bordeaux, Lyon, Montpellier, Roubaix et Grenoble.