Le 28 Septembre à Paris se déroulait la finale nationale du concours Falling Walls qui a vu s’affronter 10 jeunes docteurs / doctorants / entrepreneurs / titulaires de Master. En 3 minutes, chaque candidat devait présenter un projet innovant, susceptible de briser les frontières entre recherche et société civile. C’est Mickaël Pruvost, doctorant à l’ESPCI Paris qui a remporté cette étape et représentera la France à la finale internationale qui se tiendra les 8 et 9 novembre 2018 à Berlin. Le jury a été séduit par ses travaux sur le développement d’un capteur de pression artérielle à base d’un matériau diélectrique déformable.
Bonjour Mickaël, pourriez-vous nous expliquer votre projet ?
En fait mon projet est directement lié à ma thèse réalisée au Laboratoire CBI sous la direction d’Annie Colin ! Il s’agit d’utiliser un matériau déformable, ici un polymère, suffisamment sensible et capable de transformer les déformations subies en signaux électriques que l’on peut enregistrer. L’idée est d’utiliser un tel système pour en faire un capteur de pression artérielle. Aujourd’hui l’hypertension concerne 1/4 de la population, et le diagnostic n’est pas toujours facile. Il nécessite parfois la pose d’un cathéter, et donc une opération chirurgicale. Sinon, le patient doit porter un tensiomètre qui va se gonfler/dégonfler pendant 24 heures sans interruption ! Notre solution consiste à « mimer » le geste que l’on fait en prenant son pouls au poignet avec deux doigts ! Notre capteur est un simple patch, qui va permettre d’enregistrer en continu toute l’onde de pouls et de précieuses informations. Nous avons utilisé un matériau très facile à obtenir, que nous avons structuré pour le rendre conducteur. Le dispositif est très peu consommateur en énergie ! J’ai été mon propre cobaye pour l’expérience qui s’est avérée concluante.
Quelle est la prochaine étape ?
Pour l’instant nous disposons d’un prototype de laboratoire. Il reste toute la partie électronique à concevoir pour rendre le système portable. 4 brevets ont déjà été déposés en lien avec l’ESPCI Paris, le CNRS et Solvay, et je viens juste de remporter un appel à prématuration du DIM poreux qui permettra de financer mon postdoc au laboratoire CBI où je suis actuellement. A terme l’objectif est de voir si l’on peut envisager une solution portable fonctionnelle, dont les patients pourraient profiter, donc éventuellement créer une société. Bien sûr il y a une aussi une phase clinique indispensable avant, et nous espérons pouvoir travailler rapidement avec des médecins.
Quelques mots sur votre parcours ?
Je suis ingénieur diplômé de Chimie Paristech, et j’ai fait une dernière année de chimie appliquée à la biotechnologie à Polytechnique Montréal. C’est lors d’un stage de physico-chimie chez l’Oréal que j’ai été orienté vers Annie Colin et l’ESPCI. Au départ nous pensions étudier ces matériaux mous déformables pour la récupération d’énergie, mais nous avons vite changé d’idée car le système avait un rendement assez faible.
Et maintenant je vais représenter ces deux écoles, et donc l’Université PSL dont elles sont membre à la finale de Falling Walls ! C’est un superbe concours, avec des projets variés dans tous les domaines scientifiques et économiques.