En cette fin d’année, l’équipe iGEM Pasteur, dont faisait parti six élèves-ingénieurs de l’ESPCI Paris, a reçu de nombreux prix à l’occasion de la cérémonie finale à Boston. L’équipe, qui a démarré son projet en janvier 2016, soutenue par quatre coachs de l’Institut Pasteur, a développé un outil simple permettant de cartographier la répartition des moustiques vecteurs d’épidémies sur une région géographique.
Depuis 2003, l’iGEM, International Genetically Engineered Machine competition (Compétition internationale de machines génétiquement modifiées), est une compétition internationale de biologie de synthèse organisée chaque année à Boston. En 2016, ce sont plus de 300 équipes venant de 30 pays qui y ont participé.
Parmi celles-ci l’équipe iGEM Pasteur, constituée de 19 élèves en BTS à l’ETSL, en Licence-Master Bio à l’Université Pierre et Marie Curie (UPMC), Paris Diderot, en droit à Paris Jean Monnet-Saclay, ou design industriel à l’ENSCI-Les Ateliers, et 6 élèves de la promotion 134 de l’ESPCI Paris. Lors de la remise de prix qui s’est tenue à Boston en novembre, l’équipe a reçu de nombreuses récompenses : une des médailles d’or ainsi que le meilleur prix dans la catégorie « Diagnostic project », le meilleur prix dans la catégorie « Applied design » et le meilleur prix dans la catégorie « Entrepreneurship ».
MOS(KIT)O, un projet ambitieux de surveillance des infections causées par les moustiques
L’équipe Pasteur-Paris a décidé de se concentrer sur le moyen de prévenir et d’éviter certaines épidémies et a choisi de travailler sur les arbovirus. Transmis par les moustiques, ces virus causent de graves maladies chez l’homme (e.g. Zika, Chikungunya, Dengue, Fièvre Jaune etc) et se propagent à un rythme alarmant à l’échelle mondiale. La seule méthode jusqu’ici utilisée, pour lutter contre ce fléau, est celle des insecticides et reste extrêmement dommageable pour l’environnement. De plus, les moustiques développent une résistance à ces produits, ce qui diminue, voire annihile, leur efficacité.
Leur travail acharné, de la recherche d’idée à l’impression 3D d’un "device" innovant, a donné lieu au développement du kit MOS(KIT)O. Il est composé d’un piège à moustiques, d’un patch de diagnostic biodégradable et d’un outil d’analyse et de cartographie. Ce système, rapide et facile à utiliser par les administrations locales, permet de créer une cartographie détaillée des territoires peuplés de moustiques infectés et cela pratiquement en temps réel, ce qui limite l’usage des insecticides aux seules régions touchées, et aide à mieux prévenir les épidémies.
Rencontre avec 6 élèves ravis de cette expérience
Benoit Beliard, Marie Camman, Svetlana Ivanoff, Lise Hunault, Audrey Delots et Thomas Vialon sont tous élèves-ingénieurs en 2e année à l’ESPCI Paris.
Tous savourent la réussite d’un projet extrêmement enrichissant. Pour eux "l’interdisciplinarité du projet, entre scientifiques, juristes, designers et l’investissement de tous constituent certainement une des clés de son succès". S’ils se sont donnés sans compter - terminant des expériences parfois tard dans la nuit -, les élèves sont heureux de ce qu’ils ont pu apporter au projet, en biologie et en physico-chimie.
Les échanges entre les étudiants ont également permis aux PCéens de s’intéresser à la création graphique ou encore à la propriété intellectuelle. Véritable tremplin qui dépasse le cadre du simple projet étudiant, cette expérience a conduit les élèves à rencontrer des professionnels intéressés pour donner une suite au projet. En effet, le prototype développé doit encore être testé en conditions réelles et donne à certains l’envie de poursuivre l’expérience, pourquoi pas à travers une start-up ?