Elie Raphaël distingué par la Société Américaine de Physique

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12/10/2015

Directeur de Gulliver (UMR CNRS-ESPCI), physicien théoricien et professeur de mathématiques à l’École, Elie Raphaël vient d’être distingué par la Société Américaine de Physique (APS) qui l’a élu au rang de ‘Fellow’. Une reconnaissance qui ne concerne que 0,5 % des membres de l’APS, et qui vient saluer sa contribution à la « théorie des fluides complexes, incluant les polymères aux interfaces, le mouillage des films minces et les ondes gravito-capillaires ».

©William Parra-ESPCI
S’il avoue être agréablement surpris par la nouvelle, Elie Raphaël l’accueille comme une récompense collective, tant au niveau de Gulliver qu’à travers des collaborations internationales qu’il a tissées avec le temps, en particulier avec les équipes canadiennes de Kari Dalnoki-Veress (Université Mc Master) et de James A. Forrest (Université de Waterloo).

Spécialiste de la matière molle, le chercheur a obtenu sa thèse sous la direction de Pierre-Gilles de Gennes. Ensemble, ils s’intéressent à des problématiques d’interfaces molles, interfaces susceptibles de se déformer de façon significative même sous l’action de perturbations extérieures modestes. Un exemple particulièrement simple d’une telle interface est la surface libre d’un liquide. Imaginons un bateau se déplaçant à la surface de l’eau ; il crée à sa suite un sillage caractéristique (en forme de V) et subit en retour une « résistance de vague » liée au rayonnement des ondes gravitaires produites. Si le sujet avait été exploré par Lord Kelvin dès le XIXème siècle, la compréhension de certaines observations récentes ont été sujettes à discussion, notamment au niveau l’angle du sillage (prédit, à raison, par Kelvin comme indépendant de la vitesse du bateau). À une échelle bien plus petite, le mouvement circulaire du gyrin (coléoptère millimétrique) à la surface de l’eau fait intervenir à la fois la gravité et la capillarité ; les ondes spirales émises par un tel mouvement circulaire pourraient servir à la détection par le gyrin de prédateurs potentiels. Ces derniers travaux, obtenus en collaboration avec l’équipe de Jérôme Casas (Université de Tours), pourraient avoir des retombées en biomimétisme (discipline qui consiste à reproduire un comportement observé dans la nature pour l’adapter à une technologie).


Le gyrin a une trajectoire en spirale, qui pourrait
être un système d'écholocalisation par ondes capillaires
Elie Raphaël s’est également beaucoup intéressé à la dynamique des interfaces polymères (autre exemple d’interface molle), notamment aux processus d’adhésion et aux phénomènes de mouillage et de relaxation des films ultra-minces (ces derniers jouant un rôle important à la fois d’un point de vue fondamental et d’un point de vue technologique).

Si son activité de recherche est théorique, Elie Raphaël a toujours eu à coeur de rester en contact avec la réalité et d’interagir fortement avec différents groupes expérimentaux.

A travers cette récompense, c’est aussi le travail des jeunes chercheurs qu’il a encadrés qui est récompensé : notamment Thomas Salez, en post-doctorat de 2012 à 2014 et actuellement chercheur CNRS à Gulliver et Michael Benzaquen, qui vient tout juste de finir sa thèse. Peut-être récompensés eux aussi d’ici quelques années ?





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