Redécouvrir les secrets des bronziers romains : nouveaux regards sur le Trésor des bronzes de Bavay
A l’occasion de la sortie de l’ouvrage « Nouveaux regards sur le Trésor des bronzes de Bavay », Benoît Mille viendra présenter les recherches effectuées sur les pièces les plus emblématiques du Trésor, à la lumière des équipements analytiques de pointe du C2RMF (Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France).
Le Trésor des bronzes de Bavay est constitué de plus de 370 objets en bronze parmi lesquels un lot hors norme de statuettes de divinités romaines, les restes de statues monumentales littéralement brisées en miettes, et une grande variété d’objets du quotidien à usages divers. Cet ensemble, découvert en 1969 à Bavay (département du Nord) souffrait d’une méconnaissance qui justifiait un réexamen de celui-ci. Une recherche résolument pluridisciplinaire a été menée, associant à l’approche de science des matériaux les apports des études fonctionnelles, stylistiques et iconographiques. Par la confrontation des points de vue, cette recherche a permis d’apporter de nouveaux éléments de réponse qui revalorisent cette découverte archéologique majeure. Le Trésor des bronzes de Bavay bénéficie désormais d’une publication extensive des recherches effectuées et d’une nouvelle scénographie de présentation qui tient compte des résultats obtenus.
Nous verrons par exemple comment, par une étude très approfondie des techniques de fabrication et par une analyse précise de la composition élémentaire du métal (majeurs et traces déterminés par ICP-AES), neuf grandes statues ont été identifiées, dont une statue équestre reprenant trait pour trait la célèbre statue équestre de Marc-Aurèle à Rome. Il devient alors possible de proposer une première reconstitution de la parure monumentale de bronze qui ornait le forum de Bavay.
Les statuettes ont été radiographiées et tomographiées aux rayons X pour comprendre leur structure interne, mesurer l’épaisseur des parois métalliques et étudier d’énigmatiques assemblages. Des techniques métallurgiques extrêmement élaborées ont été mises en évidence, qui éloignent cet ensemble de la production de grande série. Ces statuettes correspondent au contraire à autant de créations artistiques originales, pour lesquelles le bronzier a mis au service du sculpteur un savoir-faire exceptionnel, à la limite des connaissances métallurgiques de l’époque.
Pour certaines statuettes enfin, une véritable polychromie a été redécouverte : incrustations d’argent, d’or, de cuivre rouge, patines noires intentionnelles. La nature exacte des matériaux d’incrustation et des patines a pu être déterminée de façon totalement non invasive grâce aux méthodes analytiques récemment développées au C2RMF : macro-cartographie 3D par fluorescence X, micro-cartographies PIXE et RBS sur l’accélérateur de particules AGLAE.